Le texte à lui seul est entier, c’est une entité.
Il s’agit pour le comédien de le vivre en scène. Alors, le décortiquer, découvrir en lui tous ses rythmes, toutes ses images, toues ses forces et toutes ses subtilités, tout ce que l’auteur lui-même a donné. Nous ne devons pas transformer le texte pour servir un personnage.
Au même titre, nous ne voulons pas trahir un personnage pour un texte : Je ne joue pas Witkiewicz, je joue avec. (Tadeusz Kantor)
Trouver l’osmose entre le texte, l’espace et le geste pour en faire une réalité scénique. Créer son propre personnage et l’habiller de toute l’ambiguïté du moment. Si le masque met en évidence un état d’âme ou un reflet du caractère, trouver le geste, le pas, le mot, pour que l’harmonie se fasse en ce lieu précis où chacun existe et se regarde. Et si cela ressemble soudain à la guerre, en prendre enfin conscience, et décider peut-être de ne plus la faire. Et quand cela ressemble à l’amour, le vivre enfin.
Comment le comédien ayant acquis une assurance technique se retrouve-t-il confronté à des indications de jeu faisant état de son ready-made ?
Comment se défaire de la mémoire affective tout en gardant pour le public les notions de vérité émotionnelle dans l’action fictive que réclame le jeu théâtral ?
Qu’est-ce qu’une marionnette sans fil lorsqu’elle commence à s’agiter ?
Comment être soi sur scène, dans cet espace de réelle liberté ?
Nous vivons au rythme des images, l’immobilité dérange, l’émotion se vend à l’audimat. Et si le jeu théâtral était fiction pour ne pas se leurrer ?
Le comédien est-il un joueur, un exhibitionniste, un esclave ou un saint ?
Que va-t-il naître de sa relation avec le metteur en scène, avec la troupe, avec le public ?
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